Loin d'être un art belliqueux, l'art martial était surtout la volonté et la capacité du combattant à maintenir la paix, soit affronter l'ennemi avec bravoure et rectitude morale pour assurer la survie et la quiétude de son peuple. Face aux armes de guerre actuelles, nous ne pouvons pas prétendre aujourd'hui que les arts martiaux sont la force de résistance d'un peuple. Toutefois, il est un ennemi souvent sournois et sous-estimé que les arts martiaux permettent encore de combattre : soi-même.
Lorsque j'ai commencé la pratique de Qwan Ki Do en 1995, ce n'était ni pour l'art de la guerre, ni pour le sport, ni pour faire un travail sur moi-même… Tout juste arrivé en Côte d'Ivoire, mes nouveaux et premiers amis s'étaient inscrits dans l'espoir de devenir de futurs Bruce Lee ; j'ai suivi pour enrichir ces amitiés. Très vite, je me suis rendu compte que le Qwan Ki Do m'apportait énormément et c'est lors d'un stage avec le Grand Maître Pham Xuân Tong qu'une flamme s'est allumée pour ne plus s'éteindre jusqu'à aujourd'hui.
De retour au Canada en 1998, j'ai arrêté la pratique d'arts martiaux car il n'y avait pas d'école de Qwan Ki Do à Montréal. Par ailleurs, j'étais très pris par mes études et mon adaptation à une nouvelle vie. Ce n'est que 8 ans plus tard, à Genève, que j'ai ressenti un réel besoin de reprendre la pratique. L'école de Qwan Ki Do la plus proche étant à Zurich, j'ai voulu trouver quelque chose qui s'y rapprochait et c'est ainsi que j'ai commencé le Viet Vo Dao à l'association genevoise de Viet Vo Dao. Le Grand Maître Pham Xuan Tong ayant participé activement à la fondation de l'International Viet Vo Dao, c'est tout naturellement que j'ai trouvé beaucoup de points communs entre le Viet Vo Dao et le Qwan Ki Do.
Plus qu'un art martial, le Viet Vo Dao m'est apparu comme un chemin de vie, un équilibre physique et spirituel, une voie pour tenter de constamment m'améliorer. Au début peu constant, j'ai parcouru un chemin plutôt long et sinueux et ai obtenu ma ceinture noire après 9 ans de pratique : 9 ans de joies, de découragements, de souffrance, de plénitude et, surtout, de magnifiques rencontres.
L'obtention de la ceinture noire a été, au-delà d'une grande satisfaction du chemin parcouru, un moment de "désacralisation des grades". Je me suis rendu compte que l'apprentissage d'un art martial se fait tout au long de la vie et que plus l'on apprend, plus l'on se rend compte de tout ce que l'on ignore… Jeune, j'imaginais qu'un pratiquant ayant une ceinture noire se rapprochait de Bruce Lee et Jackie Chan, alors que la ceinture noire est selon moi seulement le témoin de l'acquisition des bases.
Est-ce que cette prise de conscience a été en partie responsable de la perte de motivation qui s'est installé les années suivantes ? Possible. Quoiqu'il en soit, j'ai eu le sentiment en 2018 qu'il me fallait un changement et j'ai décidé de quitter l'AGV. Désireux cependant de poursuivre mon cheminement sur la voie des arts martiaux, j'ai fait quelques recherches et mon choix s'est vite porté sur l'école de Viet Vo Dao Quoc Te de Troinex. Je ne saurais pas dire avec certitude ce qui m'attirait à ce point. Oui, il semblait y avoir une bonne ambiance. Oui, les valeurs qui me sont chères semblaient y être représentées. Oui, la qualité de l'enseignement semblait au rendez-vous. Mais c'est surtout la rencontre avec Pedro et Cédric qui m'a marquée ; deux professeurs sympathiques, atypiques, drôles et sérieux à la fois, qui dégageaient une bienveillance presque paternelle et une authenticité rare.
"Il y a des sympathies si réelles que, se rencontrant pour la première fois, on semble se retrouver." (Adolphe d'Houdetot)
Depuis que je suis à Troinex, j'ai vu ma motivation revenir et mon envie de progresser se décupler. Je me prépare actuellement pour le passage de mon 1er Dang et voit avec beaucoup d'enthousiasme les belles années de pratique à venir.
"Il n'y a pas de hasards, il n'y a que des rendez-vous." (Paul Eluard)